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One more drink // Crystal
Hybris W. Nepenthes
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Hybris W. Nepenthes

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One more drink

Il étouffe. Les visages s'enchaînent et les corps se bousculent aux prises avec le courant trop violent de la ville, leurs cœurs battant au rythme d'une montre bien réglée, simples engrenages incapables de s'extraire de cette machine trop bien huilée. J'en ai des hauts le cœur. Le souffle court, le cœur comme un tambour, il se laisse porter, son regard rivé sur les bâtiments qui défilent et se dressent comme des pierres tombales le surplombant.

Il y a dans ce spectacle un soucis dantesque du détail. C'est un chaos organisé qui s'offre à son regard, deux mondes qui se rencontrent pour mieux se repousser. Comme chaque soir, les deux visage de Devil's Paintbrush s'unissent dans une violente étreinte. Les mères arpentent les routes principales en évitant précautionneusement les ruelles tandis que les pupilles des hommes s'y perdent. Il y a quelque chose d'indécent à cette heure, c'est un peu comme un vestiaire à ciel ouvert où l'on observe des inconnus se changer. Un moment d'intimité collective à la fois grisant et effrayant. Le plaisir de n'être personne dans cette orgie d'identités, d'existences qui se croisent sans jamais se rencontrer.

Il perd pied, s'enfonce et s'égare dans la foule où nul ne compte pour les autres, où il trouve à chaque fois sa place car il n'y a aucune place pour exister. Il n'est qu'un point parmi d'autres, se perdant dans la foule qui s'affole autour de lui. Les pensées se perdent dans la cacophonie environnante, on s'entend sans s'écouter. Ces moments n'ont aucun intérêt, c'est justement toute leur utilité. Sinon on ne saurait noter les instants réellement importants, leur offrir l'intérêt qui leur est du et les chérir convenablement.

L'être humain a besoin d'être guidé. Comme les murs d'un labyrinthe mènent un rat jusqu'à sa sortie, sans quoi il ne ferait que tourner en rond jusqu'à s'en lasser, la société guide l'homme vers un objectif illusoire lui permettant ainsi de se développer. La liberté mène à l'inertie et au flétrissement de l'esprit. Il n'y a point de liberté sans règles. Un paradoxe dont on nous abreuve et qu'on avale. On s'en gave jusqu'à la moelle, à s'en exploser les neurones. C'est un choix qu'on embrasse pour ne pas s'isoler. Mais si on était tous isolés, serions-nous vraiment seuls? Ne sommes nous pas déjà seuls? La réponse fait si peur qu'elle paralyse l'humanité. Ce monde est monstrueusement bien fait.

Il reste là, planté comme un piquet dans sa veste trop large, qui lui dessine une silhouette plus petite qu'elle ne l'est réellement. Les odeurs caractéristiques de la violette et du poil humide de canidé viennent caresser ses narines se mêlant aux particules déjà présentes de goudron et de méthane. C'est une curieuse association qui retient son attention quelques instants. Il analyse les mouvements de la foule, fasciné par un monde qu'il est convaincu être le seul à voir.

Ses synapses s'entremêlent, se perdent dans une gymnastique absurde en esquivant les insultes lancées par les passants visiblement agacés de devoir dévier de leur trajectoire. Ces moments ont fini, malgré lui, par s'intégrer dans son rituel quotidien, peut-être qu'à trop côtoyer les disparus il a besoin de contacts humains. Ou que justement, il a besoin de les déshumaniser pour pouvoir tolérer le son de son propre souffle. Un simple besoin d'étouffer ses pensées, de les laisser s'évader après avoir trop longtemps macéré dans sa masse spongieuse. Allez savoir. Cela a-t-il la moindre importance?

Son téléphone vibre, le ramenant à la réalité. Il laisse échapper un juron maudissant la technologie. Puis il se souvient. En retard, il est en retard. Encore une fois, il s'était perdu dans les humeurs de la ville et en avait oublié son but premier. Il arpente les ruelles pour rejoindre le lieux de rendez-vous, sans se presser. D'un coup d'épaule, il pousse la porte du bar, pénétrant dans les lieux. Il la voit, assise à une table, s'en approche.

_ Désolé. Ça fait longtemps que tu es arrivée ?

Était-il vraiment désolé ? Il ne saurait le dire. C'est sorti tout seul, par politesse. Simple convention sociale machinale. Il avait toujours eu des difficultés avec les horaires. Il retire son écharpe et vient la déposer sur le dossier de la chaise avant d'en faire de même avec son manteau. Il prend place en face d'elle.

_ Comment tu vas ? Je paye ma tournée pour me faire pardonner.

Il lui adresse un sourire gêné. S'il n'aimait pas les conventions sociales, il aimait encore moins la gêne qu'elles engendraient lorsqu'elles n'étaient pas respectée. Il espérait que son offrande suffirait à compenser l'agacement qu'il avait du provoquer.

Halloween
Dim 10 Nov - 20:24
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