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Théodore Yéti
Tu détestes Rose Quarz. De la chaleur ambiante qui y règne, à son odeur si particulière de sucrer et de pollen d’épervières orangées. Ici, tu aurais pu rester, il est vrai, tu connais le quartier comme ta poche, comme un ensemble commun d’intérêt. Toute ton enfance était basée entre ses murs, contre la place du lavoir qui trônait déjà devant la Mairie ou enfant, tu avais brisé sans conteste chacune de ses fenêtres. Tu aurais pu rester dans le droit chemin et encore à ce jour, tu ferais partie des habitants de ce mini-village grotesque ou les bons sentiments se heurtent à la cruauté des Poltergeists. Qu’il était stupide d’avoir pu croire que tu faisais parti de ce monde. Alors du haut de ton Penthouse à Fluorspar, tu ne regrettes aucun de tes choix. Jamais. Pourtant, tu es relativement souvent dans l’obligation de t’y rendre de nouveau. Aujourd’hui est un de ces jours, malheureusement.
Tu fais sensation quand tu gares ta Tesla model X, et que tu en ressors avec une souplesse non feinte. Tel un de ses grands prédateurs, tu te fonds dans la foule. Beau, fier, dans ton costume trois pièces en tweed bleuté de chez Mr. Porter. Tu ne peux pas te permettre de porter autre chose quand tu te rends dans ce quartier, ici rare sont ceux faisant partie rien que de la classe moyenne. Et actuellement le but n’étant pas vraiment d’attirer l’attention. Alors de tes chaussures vernis à ton sourire charmeur, tu te rends mon ange sur la place du lavoir. Ton rendez-vous a été pris il y a bien longtemps déjà, avant que les choses ne dégénèrent autant. Tu ne la vois que très rarement, à vrai dire seulement lorsque Le Diable est bien trop occupé par sa carrière politique et par sa salope de femme pour faire autre chose de plus concluant. Avec la grève de Vivante, les choses ont légèrement changé et tu ne peux plus te rendre aussi facilement au sein de la mairie. Les élections approchantes, bien qu’elle soit truquée, il n’était pas bon non plus d’être aperçu en ta compagnie. Mais ce n’était pas grave, tu n’étais pas du genre à te formaliser de ce genre de chose. Alors oui Théodore, tu étais charmant, quand tu te plantas au beau milieu de la place, debout, tu observas quelques instants ton téléphone. Tu n’avais plus qu’à l’attendre.
Elle, s’était Azazel. L’autre seul démon encore sur Terre. Elle travaillait dans l’Entreprise, envoyé par Le Diable et cela te suffisait. Tu avais vite appris et compris qu’il n’était pas bon pour toi et dans ta position de poser des questions. Notamment pas envers eux. Ils faisaient leurs plans, toi, tu voulais juste que ta petite entreprise prospère. Et elle le faisait. Tu étais le plus influent de la côte Est et ton réseau fournissait tous les acteurs du marché. Alors oui, Théodore, tu étais bien implanté. Grâce à Daemon, grâce à Vivante, mais aussi et surtout grâce à ton talent. Maintenant, tu ne devais pas oublier d’où tu venais et ces bonnes relations étaient importantes. Soit. Tu prenais donc de ton précieux temps pour voir Azazel, ou Daemon, parlait de stratégie et faire semblant de t’intéresser à leur tracas. Tracas que tu résolvais la plupart du temps à vrai dire. Tu étais doué pour tout ça, mon chat. Un véritable orfèvre de la saloperie.
Mais le temps n’était plus à l’introspection, et déjà, tu la voyais, ravissante comme une pomme empoisonnée se diriger vers toi. Quelque roulement pour la rejoindre et dans un sourire charmeur, tu lui tendis ta main. Reste à voir maintenant ce qu’elle attendait de toi et les comptes-rendus que tu devais lui faire.
« Devil at my door Got me knockin’ knockin’ knockin’ on the other side »
The Look
Encore une de ces journées. Lente, suave, entêtante. On n'en sort pas, de ces journées là. Elles sont là, à manger toute motivation, insatiablement. Mais heureusement, ce matin devait être un brin différent. Pas de larbin à gérer, pas de phéromones dans l'air, pas d'animosité. Juste le vice et la tentation qui devaient se rencontrer. La tentation par ailleurs, se délectait par avance de ce qui pourrait découler de ce genre de journée. Elle qui nageait dans ses draps en satin rouges et flamboyants. Le corps de porcelaine ondula doucement vers la table de chevet. Une pilule, vite. Le mal être vite renvoyé, la chevelure immaculée émergea enfin. Même avec la pagaille causée par le sommeil, elle paraissait belle. Des yeux dorés encore embrumés, un nuage de vapeur autour du visage, la créature de rêve se dirigea lentement vers sa salle de bain. Une discipline revint rapidement dans ses cheveux lorsque la brosse et le sèche cheveux entrèrent en action après un brin de toilette. Lorsque sa peau parfaite fut lustrée, elle appliqua un eye linner démesuré sur ses yeux de chats. Ses cils étaient longs et volumineux, ses sourcils structurés par un crayon, mais naturels. Plus qu'un rouge à lève noir et le tour était joué. Elle enfila ensuite un tanga de dentelle noire, un pantalon de smoking noir ligné finement de blanc, assez placé près du corps, et pour couronner le tout, une veste rouge. Un rouge vif, entre le rouge du sang et le vermillon. Un liserai de soie rouge plus foncé soulignait le décolleté qui venait d'être créé. Car oui, sous cette veste, rien que de la peau. Deux magnifiques seins justement placés, sous ce tissus. Cintrée au corps de la demoiselle, toutes ses courbes étaient suggérées sans être dévoilées, c'était parfait. N'importe quelle lingerie, aussi finement travaillée soit-elle, aurait gâché la tenue. Une fois ses escarpins noirs cirés enfilés, elle fut enfin prête.
La demoiselle prit sa pochette où résidaient ses faux papiers, un chapeau en forme Capeline, à large pans noirs, des lunettes de soleils triangulaires en oeil de chat et tout était parfait. Fermer chacune des portes importantes, puis son loft, et elle prit la route à bord de cette magnifique Ford Mustang cabriolet, et évidemment, de couleur rouge sang. Direction La Place Du Lavoir, à Rose Quartz. Un lieu que notre entité démoniaque n'aimait pas particulièrement, mais qui avait pour effet de créer un effet légal et officiel aux rencontres qui s'y déroulaient. Le gestionnaire de fausses take the pill devait déjà être arrivé. Sans embouteillage, elle ne tarda pas elle non plus. A cheval sur deux places, comme font tous les gros riches pour ne pas se faire abîmer leur carrosserie, sortant dans un magnifique bip de verrouillage. Tous les yeux virèrent vers elle, quelques mères de famille masquèrent les yeux de leurs jeunes fils, quelques femmes donnèrent un coup de coude dans les côtes de leurs époux, certains couples la fixaient ensembles. Elle rejoint la silhouette blonde rehaussée d'un costume bleuté, nonchalamment. D'un air sûr d'elle et sans aucun regard aux alentours. Une fois plantée devant lui, elle enleva sa paire de lunettes, et lorsque le Mei Long lui tendit la main, elle avança la sienne paume vers le sol. Pas question de serrer la main comme si elle était son égal. Un léger sourire narquois salua son interlocuteur.
« Bonjour, Théodore. »
L'ambre de ses yeux le détailla un instant, profitant du miel de ses cheveux, du rose de sa peau, mais avant tout du côté soigné et chic qu'il se donnait. Au moins, il ne ternirait pas son image.
« Vous savez, pour moi ce n'était qu'une seconde. »
Elle lui fit un clin d'oeil et récupéra sa précieuse main. Sa manucure longue et d'un noir brillant ressemblait à de petites griffes prêtes à trancher le moindre obstacle qui viendrait contrarier sa journée. De plus, elle n'avait point pris sa dose de caféine, exprès. Elle lui proposa un bâtiment d'une simple avancée de la main, paume vers le ciel. Un coffee shop qui assurait l'animation en cette place principale, en face de la mairie. Elle se détourna sans attendre sa réaction, et entraina de nouveau quelques regards en sa direction, le temps du trajet, elle remit ses lunettes sur ses yeux de feu, toisant chaque petit curieux qui la dévisageait, que leur regard soit désireux, ou jaloux. Ses hanches balançaient harmonieusement en rythme avec sa démarche. Elle poussa la porte du café, et prit une place, non sans un regard, dans un cul de sac du café. Personne ne pourrait les déranger hormis un serveur. Elle choisit le fauteuil qui était en face de l'entrée, afin de voir arriver quiconque, et rester en position de force. Elle attendit que son congénère soit assis, prit une carte, et tout en choisissant sa boisson, reprit.
« Mon cher Théodore, monsieur Darkside aimerait récupérer ce que vous lui devez. Vous êtes en retard durant cette période. »
Son ton était sérieux, mais on décelait une pointe d'ironie. Malgré cela, son grain de voix chaud et qui tend vers le grave, rendait son discours suave. Le miel était donc au rendez-vous entre le vice et la tentation. Cette dernière leva les yeux, un serveur venait. Elle décroisa ses jambes, se redressa et esquissa son plus charmant sourire au nouvel invité. C'était un bel homme, jeune, dont les cheveux bruns étaient coiffés en arrière, sans donner cet effet pompeux que la cire peut rajouter. Le corps entretenu.
« Bonjour ~ Ce sera un Moccha au Chocolat Blanc pour moi ! »
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Théodore Yéti
Oh, tu n’étais pas du genre, n’est-ce pas Théodore, de te formaliser de ce comportement. Elle était supérieure à toi de sa race, que grand bien lui en face, tu te fiches d’elle comme de l’an 40. À vrai dire Théodore, tu sais très bien que tu pèses dans la balance tout en étant extérieur à toutes leurs guerres sans importance et ce n’est pas plus mal pour toi. Je le sais bien, elle n’est pas la première à te lancer pareil sourire ou regard, elle n’est pas la première à croire que tu n’es rien de plus qu’une poussière sur son chemin. Après tout, elle ne sera pas non plus la dernière. Tu as vite appris, depuis ton enfance, à remettre en question chacun des regards que l’ont t’éprouvaient, à déceler la pitié en l’amusement quand tu n’es qu’un simple humain face à toutes ces monstres fantastiques qui entourent ton existence. Mais Vivante te l’a apprit, Vivante t’a bien formé, tu es, comme elle, de ceux que l’ont ne croit pas capable de créer rien qu’un vent de changement, de ceux que l’ont sous-estime constamment. Pourtant ton destin tu l'as en main, fermement. Et ce n’est pas cette démone ni personne qui remettra quoi que ce soit en question. Elle n’a aucun pouvoir sur toi, seul Daemon ou Vivante pourrait en avoir. Oh, le choix a était malin, je te le concède. Si l’un ne veut plus de toi, l’autre te protégera forcément, il en va de l’utilité de leur relation. Et pour le moment, de toute façon, tu sais que tu les satisfaisais parfaitement. Alors Théodore, sans quitter ton charmant sourire, tu serres adroitement sa main et acquiesces sans sourciller le moins du monde à ses provocations.
Tu lui emboîtes même le pas, souple et félin, jusqu’à ce café qu’elle a choisit. Tu tires sa chaise pour la laisser s’asseoir avant de prendre place en face d’elle. Droit, mais détendue, les jambes légèrement écartées, les bras relâchés sur les accoudoirs. Tu es profondément confiant, et beau en prime. Il est vrai, que vous attirez tous les regards, deux gravures de modes, l’une jouant, l’autre impassible comme les pierres, mais pourtant tellement souriant. Un drôle de couple, un drôle de duo alléchant jalousie, convoitise et sûrement pas mal de haine. Tu penches légèrement ta tête en arrière, l’observes en détail. Évidemment elle est belle, sublime même, elle est ce genre de femme pour qui n’importe qui se damnerai. Enfin. Tout le monde, sauf toi Théodore. Toi, tu n’as aucune pulsion, toi, tu ne marches qu’à la réflexion et à la mise en place de ton plan. Tu ne fais rien sans intérêt, premièrement, et secondement ce qui te fais bander, c’est le contrôle, la soumission, mais sûrement pas une pimbêche comme elle qui n’est que mensonge obtenu par Take The Pill.
- Un Lapsang souchong, s’il-vous-plaît.
Un léger rictus alors que tu attrapes ton téléphone jetable pour fournir un ordre à l’un de tes subalternes. Tu attends vaguement sa réponse, n’apportant plus aucun intérêt à l’autre bras droit du Diable avant de pousser un soupir à peine voilé. Puis enfin, lentement, tu relèves le regard vers elle, plongeant sans aucune honte tes océans, naturels, dans ses ambres avant, de ta belle voix profonde et assuré, lui répondre de nouveau.
- Le virement vers les sociétés offshores choisit au préalable par Monsieur Darkside est effectif. Je n’ai jamais de retard, je vous rassure… Azazel.
Tu laisses glisser son prénom, entre ta mâchoire, rouler sur ta langue, et traverses tes lèvres pleines. Un aphrodisiaque à toi tout seul, mon cher Théodore. Et distraitement, lentement, d’un geste simple, tu repasses une main dans tes cheveux lorsque vos consommations arrivent. Tu le remercies d’un bref vaguement de tête sans la quitter des yeux, avant de t’avancer légèrement pour vider l’eau bouillante dans ta tasse et faire infuser ton thé.
- J’ai travaillé personnellement sur une nouvelle formule, plus puissante et addictive. Elle a déjà était testé. Je pense la lancer sur le marché de la ville, en premier lieu, dans les jours à venir. Voici les notes de formules.
Tu lui tends adroitement une liasse de papiers enfermée dans une enveloppe kraft. Avant de reprendre plus doucement.
- Pour ce qui est de la mise en place, j’aurais besoin de plus de moyen, humains notamment et financier. Mais je nous fais confiance pour trouver un arrangement qui satisfera tout le monde.
« And if you get too close... I might snatch off your chain »
The Look
Le regarde de la démone sembla briller lorsque son nom fut énoncé presque intelligiblement. Elle esquissa un sourire tout en plissant légèrement les yeux. Un humain de la sorte ne pouvais pas comprendre la puissance d'un démon, et encore moins si ce dernier acceptait le pacte pour leurs pouvoirs. Elle jubilait rien qu'à l'idée d'anéantir son existence entre deux boucles temporelles tout en lui conférant une notion 0 dans l'espace. Plus aucune trace de Théodore Yéti. Bye bye. Cette pensée passa juste le temps d'une étincelle dans ces jeux presque jaunes. Puis elle baissa les yeux vers le téléphone qu'il utilisa surement pour débiter l'argent, et enfin remonta pour planter ses topazes dans ses yeux malicieux de petit gangster dont il aimait se donner le genre.
« Celui-ci étant prévu à l'avance, et ma présence ayant été requise pour que ce virement soit exécuté, je considère cela toujours comme un retard, mais ne vous en faites pas, puisque cela est réglé, il n'y a pas de problème... »
Elle sourit brusquement pour accueillir le serveur qui vint lui donner sa boisson divine. Cette dose de lait concentré sucré et ce chocolat blanc, bercés par ce café pourtant fort... Elle s'en léchait déjà les babines. Ses lèvres voluptueuses se condensèrent afin de souffler lentement sur le breuvage, qu'elle avait auparavant dépourvu de sa chantilly si crémeuse... Elle prit cette première gorgée, et un petit frisson de plaisir naquit au coin de ses lèvres et se perdit dans ses épaules. Parfait. Elle reposa la tasse où une légère trace grise en forme d'arc de cercle signait l'appartenance de cette boisson à la détentrice de ce rouge à lèvre exquis.
Elle saisit avec intérêt l'enveloppe, et y jeta un oeil vif. Pourtant, elle ne laissa pas une miette non lue. Cela dura pourtant si peu. Elle n'était pas du rayon de RIP Pharma mais elle travaillait assez avec Théodore et les taupes du rayon chimique pour reconnaître les propriétés des formules et la capacité d'un produit à être intéressant afin de rendre les ventes de l'entreprise moins fructueuses. Elle referma soigneusement l'enveloppe. On aurait pu croire que personne n'y avait touché. Elle la glissa dans son sac à main, et prit son téléphone afin de considérer la quantité disponible de main d'oeuvre, ainsi que la marge financière que Daemon fixait à ses actions de l'ombre. Elle sourit aimablement. Du moins c'est l'effet que cela en disait. Une nouvelle gorgée de son breuvage sacré, il paraissait pourtant encore brûlant, et on aurait pu dès la première, se demander comme elle pouvait bien le boire aussi chaud. Elle reprit sur un ton plus ferme, qui était celui des affaires entrantes.
« Pour ce qui est de la main d'oeuvre, nous avons quelques personnes de confiance qui pourront vous satisfaire, il me faudra cependant quelques jours afin de les mettre tous sur le coup avec un accord auparavant. Je vous ferais parvenir la liste des personnes, leurs coordonnées d'ici deux jours. »
Une énième gorgée ponctua son discours.
« Côté finances... Une somme qui devrait vous plaire et vous permettre de lancer le projet correctement vous sera débité dans les plus brefs délais. Evidemment vous n'oubliez pas la marge que votre associé devra recevoir après le premier mois de lancement de ces produits. »
Elle sourit lentement, malicieuse et magnifique dans son rôle. Sa tasse était presque vide maintenant, elle plongea son regard de prédateur presque tendrement sur l'associé du Diable et croisa les doigts entre ses deux mains, prenant une posture sûre d'elle et très professionnelle à nouveau.
« Cela satisfait-il vos attentes ? Avez vous d'autres requêtes, ou des questions peut-être ? »
Elle laissa la dernière gorgée glisser lentement de ses lèvres au fond de sa gorge, savourant la dernière once de sucre concentré qu'elle prenait en bouche. La fin du café signait surement la fin du rendez-vous, à moins que le Yéti en est encore à rajouter, et que ce rendez-vous s'allonge. Elle ne prenait pas vraiment de plaisir à discuter ainsi avec un Homme qui ne savait pas donner la juste valeur aux choses et aux personnes. Elle aimait être traitée comme elle le méritait et ce n'était pas Théodore qui assouvirait cela pour Azazel. Et puis, Cerbichou attendait à la maison son retour pour sa balade, et pas mal de petits graphistes attendaient sa dictature avec impatience pour les guider sur le chemin de l'excellence. Elle esquissa un sourire invisible à cette idée, et laissa son regard en suspens sur la personne qu'était son interlocuteur.
