C’était une foutue, putain, de foutue blague.
Est-ce que j’avais envie d’écraser la tête de Vivante à cet instant précis ?
OUI ! SANS DÉCONNER OUI !

C’était bien plus compliqué que prévus, après seulement une journée de chasse nous avions déjà un quart des troupes à terre. Un quart de l’UDC, je n’avais même pas la force de calculer combien d’êtres cela pouvaient bien faire. Mais le nombre me terrorisait. Les autres pays du monde s’en sortaient plutôt bien, les autres branches de l’Entreprise à vrai dire n’avaient aucun problème pour récupérer les âmes fraîches, enfin en dehors de quelques explosions. Par contre aux États-Unis Vivante avait visiblement décidé d’envoyer l’intégralité des Poltergeist de l’Otherside nous mettre des bâtons dans les roues. L’intégralité ? Est-ce qu’elle était si cruelle que ça ? Elle était en colère pour le spot, très bien, elle ferait donc des erreurs, mais nous en attendant, nous n’étions pas certains de pouvoir survivre. Le moral était au plus bas, nous avions entreposé ce que nous pouvions des blessés dans les hôpitaux de RIP Pharma, mais des employés avaient fini par mourir. Et je peux jurer devant Dieu Tout Puissant qu’il était plus facile de compter les corps de nos collègues quand un accident se produisait, moins de devoir les récupérer pour les envoyer à l’errance certaine de l’Otherside. Malheureusement, sans Vivante, nous n’avions pas le pouvoir de les garder rattaché à l’Entreprise pour l’Éternité.

Fort heureusement. Il ne semblait pas y avoir de problème pour les fantômes existants. Sinon. Sinon, comment aurions-nous fait ? Combien de pertes encore aurions-nous eu à dénombrer ? Combien de larmes aurais-je encore stupidement versé dans ce foutu placard aménagé en chambre d’appoint le temps que la crise passe ? J’avais envie de mourir. J’avais envie d’abandonner. Mais je ne pouvais pas. Non, je ne pouvais pas.

Alors je m’étais levé encore, après seulement trois heures de sommeils, trois heures pas suffisantes, mais déjà bien trop brûlantes, trop difficile à accepter. Avant d’organiser les déploiements des employés mobilisés à cette heure. Une cafetière de café avalée plus tard, caféine qui commençait à me rendre malade, et j’avais enfilé ma combinaison de chasseuse après une douche glaciale pour prendre le relais d’Hector Dorian qui avait enfilé ses soixante-douze heures réglementaires. Il fut assez rapide de donner les directives à toutes les troupes du roulement, avant de me laisser surprendre par une explosion vibrante. J’entrapercevais à travers la fenêtre la MEGA Tour de la MORKITU en feu.

- Bordel de merde.

Alors on en était vraiment là ? Si Infinie devait prendre la tête de l’Entreprise Vivante ne lui laisserait strictement rien. C’était bien noté.

- À la brigade fantômes, merci de tous vous rendre vers la tour administrative, nous avons visiblement une recrudescence d’âme fraîches et de Poltergeists sur place.

Aboyais-je dans mes oreillettes avant de pousse le soupir le plus retentissant de toute mon existence. Putain réfléchie Marabella, réfléchie.

- Commandant, il y avait des dortoirs de fortune sur place. Nous n’avons plus le moindre contact avec eux. Pour le moment, le premier bilan est de deux-cents trente disparus.

Je sursaute et blêmis davantage. Quelle salope. Elle allait tous nous tuer, tous jusqu’au dernier si elle continuait.

- Commandante ?

Je ne sut même pas combien de temps, il me fallut pour reprendre une contenance nécessaire, combien de temps dans ma tête et mes membres tremblants pour que je puisse seulement accepter le bilan sordide que l’on me sortait.

- Oui. Faites venir sur le pont tous les employés qui ont eu plus de quatre heures de pauses, nous allons avoir besoin de renfort.

Il me fallut quelques minutes pour courir jusqu’à la MEGA Tour de la Mokitu. Quelques minutes avant de me figer devant le bâtiment maintenant tranquillisé. Fort heureusement pour nous, l’UDC était entièrement sécurisé pour les incendies et le feu fut rapidement arrêté. Je souris doucement à Hector Dorian qui était sorti de sa pause aussi vite qu’il en était rentré. Bien. Nous nous séparions tous en petit groupe et une tête bien connue parmi les fantômes présent me rassura au plus haut point.

- Alors Carpenter, hâte d’utiliser votre matériel sur le terrain ?

Tentais-je doucement, pour dédramatiser la situation.

@Alix Carpenter