Il s’était passé une journée de plus avant que chaque travailleurs, jugés aptes, de l’Entreprise ne fussent forcés à rejoindre le camp d’Entraînement. Rares étaient ceux à venir en connaissance de cause et ce n’était pas plus mal.  Je me devais de faire des aller retour pour gérer les recherches de Vivante, et je n’avais vraiment pas l’envie ni le temps de me consacrer a tenter de muscler et d’offrir la possibilité à cette bande de crétins patentés de faire quelque chose de leurs dix doigts. Néanmoins le choix je ne l’avais pas, et il avait fallut installer un portail entre la salle de crise et l’Otherside pour me faciliter la tâche. D’un endroit à un autre je me changeais, et d’un endroit à un autre je me rendais bien compte que rien ni personne n’était à sa place.

Quelques pas dans le brouhaha ambiant que déjà je m’enfonçais presque totalement dans la boue. Pour changer il faisait un temps à endormir les mort, et il fallait s’attendre bientôt à être ensevelit sous la pluie, ou pire sous la neige. Je poussa un profond soupir en observant des employés tentant de faire tant bien que mal des pompes. Eh bien… La journée allait être longue. Alors je noua mes cheveux dans un chignon serré avant de rejoindre les autres gradés en pleine pause. Je tapa dans le dos d’Hector et me servit un café, il en fallait bien un, avant de l’avaler d’une traite.

- Bon je me charge de qui ?

Hector me désigna d’un bref mouvements de menton quelques employés que je ne connaissais trop bien. Dans le lot, deux attirèrent mon attention. Chouette, voilà donc @Yin Moeha et @Amadeo Ruzickova, respectivement un maquilleur et le standardiste. Eh bien nous allons partir de loin. Je poussa un soupir, repris un café et me dirigea vers le petit groupe.

- Ah et Canterbury c’est toi qui va te charger de la sœur bonne de ton plan cul hein !

Je me figea et me retourna vers mes collègues.

- Je m’occupe de qui ? @Infinie Darkside ?

Ils rigolèrent et haussèrent les épaules avant de se diriger vers leurs recrues.

- Fais chier.

Je me pinça l’arrête du nez, et longuement prit le temps de compter jusqu’à trente avant de respirer profondément. Super, cela n’aurait pas pu être pire n’est-ce pas ? Quelques pas de plus et je me planta devant eux, une belle brochettes d’incapables.

- Bonjour ! Je suis votre référente, la Commandante Canterbury. Il est important de prendre cet entraînement au sérieux, nous ne sommes ni là pour rigoler, ni pour faire une classe verte. Vous avez le destin du monde entre les mains, et si nous récupérons Mme La Faucheuse, sachez que vous serez tous récompensé. Quelqu’un à des questions ou est-ce qu’on peut commencer ?

Je fis une petite pause.

- Eh Ruzickova ! Je compte sur toi pour signer tout ce que je dis à ton  camarade !

Je les observa, poussant sans aucun doute le pire soupir de mon existence. Bon Dieu, mais quelle bande de bras cassés. Qu'est-ce qu'ils étaient entrain de faire exactement ? Amadeo que j'aimais bien, il était divertissant, mais seulement en dehors tu travail, était clairement entrain de tout faire sauf expliquer au maquilleur ce que je venais de dire. Comment pouvait-il s’en moquer à ce point ? Ce rendait-il seulement compte que si nous ne faisions rien dans moins d’une semaine nous finirions sûrement tous désintégrer ? Dieu Tout Puissant n’était pas du genre à avoir la patience d’attendre trop longtemps que la situation se débloque. Ils auraient dû le savoir, pourtant, mais visiblement leur petites manigances étaient plus importantes que le bien commun.

- BORDEL ! Vous croyez que c’est un putain de jeu ?

J’avais hurlé tellement fort que presque l’intégralité du camp s’était retourné vers nous. Je n’avais pas la patience ni le temps pour ça et sûrement pas pour eux.

- On ne rigole pas ici, on ne raconte pas sa vie. Vous voulez faire les malins ? Très bien vous commencerez tous par cinquante pompes et si quelqu’un n’est pas content il pourra remercier ses petits camarades.

Je passa ma main sur le visage avant de souffler doucement, me concentrer sur ma respiration ventrale et surtout, surtout, ne pas perdre patience sinon j’allais finir par en frapper un avec l’autre et cela serait ma foi tous sauf progressiste.

- Et ensuite vous allez tentez de me faire le parcour du combattant. Voir si vous êtes seulement capable de courir pendant plus de deux minutes…

Ahaha, il était mignon, il voulait faire les pompes de son ami. Eh bien, honnêtement, dans pareil situation, avec mon état de nerf actuel, après Jennifer, je ne pensais pas être capable de garder aussi longtemps le semblant de calme que j’avais en moi. Ils pensaient que je leur hurlais dessus pour le plaisir ? Pouvaient-ils seulement comprendre qu’il s’agissait de mon travail, que nous étions dans la plus grande crise que nous avions connu et que si je n’étais pas dur, si je ne les préparais pas aux hurlements, sur le terrain ils se retrouveraient seulement comme des animaux blessés devant les phares d’une voiture. Je me planta face à lui, et alors que j’avais très fortement envie de l’étrangler ainsi que le maquilleur qui visiblement signait des saloperies sur moi, je me contenta de le fixer avec dureté, et d’une voix, presque trop douce, je lui répondis.

- Ruzickova, prend donc les pompes de ton ami si ça te démange tant que ça. Mais laisse moi te dire une chose. On ne sait pas ce qui nous attend, nous n’avons aucune idée de si les aspirateurs vont supporter le choc, si elle ne va pas envoyer des Poltergeist contre nous. Si tout va bien pour vous tant mieux. Mais si ce n’est pas le cas, si ça devient vraiment dangereux il ne sera pas préparé et toi non plus. Il s’agit de mon travail de vous entraîner pour vous garder en vie ensuite, de mon travail de vous préparer à la dureté du terrain. Si vous voulez me détester tant mieux, je peux vivre avec ça, mais il serait temps de comprendre que personne ici n’est en train de jouer. Maintenant je n’ai pas plus de temps à perdre que ça avec cette situation.

Et je me détourna de lui et de son ami, observant mes autres recrues effectuer leur pompes. Je reconnaissais une tête qui s’était tenu en retrait depuis tout à l’heure.

- Donc nous disions 100 pompes pour Ruzickova, et 50 pour les autres. Plus vite que ça.

Lançais-je à la volé avant de me diriger vers mon frère pour m’agenouiller devant lui.

- Bah alors mon Agneau, tu te retrouves dans mon groupe ? Tu vas morfler je te préviens.

Lui murmurais-je avant de lui faire un clin d’œil, riant sous cape. Puis lentement, alors que tout le monde finissait je me dirigea vers le départ du parcours du combattant.

- Dès que vous avez terminé vous me rejoignez, qu’on passe aux choses sérieuses.

Certains avaient déjà terminés, d’autre étaient encore en train de finir leurs pompes. Bien. Je lançais les employés disponibles sur le parcours du combattant, donnant quelques précisions et réglementations, aidant même un jeune homme à grimper sur la première plateforme avant de me tourner vers le groupe des plus ou moins récalcitrants. Et merde, elle était déjà là ? Je dus prendre sur moi, faire un effort à vrai dire qui me semblait totalement improbable, pour ne pas céder ni à la panique ni à l’envi de mourir sur place.

Et honnêtement, je ne pouvais en vouloir qu’à Vivante de nous avoir mis dans cette situation, et plus le temps passait, plus j’avais envie de la frapper. Était-ce malheureux ? Oui sans aucun doute, mais tout ce qui était en train d’arriver nous laisserait des traces indélébiles que je n’étais pas certaine de réussir à effacer. Je ne savais même pas ce que ça donnerait une fois qu’elle serait de retour, et si jamais elle semblait vouloir être de retour. Peut-être faudrait-il mieux arrêter de se battre et laissez le monde imploser sous l’impulsion de Dieu Tout Puissant.

Mais à ce moment-là, si moi aussi, j’abandonnais, qu’est-ce qui allait se passer ? Et pourquoi, avais-je envie de continuer avec de groupe là ? Nous étions tous incapables de faire quoi que ce soit, tous incapables et nous nous battions ensemble sans pouvoir nous supporter. Ce qui s’était passé hier dans la salle de crise, l’état de fragilité que j’avais atteint devant eux tous était assez parlant pour me donner des sueurs froides. Nous étions vraiment une équipe douteuse.

Quelques contrôles de respirations et je me détournai des autres pour rejoindre mes trois comparses « préférés ». Quelques enjambés encore, l’envie de vomir qui ne semblait vouloir passer, et je me plantai devant eux.

- Bonjour.

Devais-je l’appeler par son nom de famille comme tous les autres ? Rajouter une madame ? Par son prénom ? Merde. Je devais la traiter comme le reste de mes troupes, il était primordial de ne faire aucune distinction, mais si cela allait me coûter en naturel.

- Darkside, je ne sais pas ce que tu complotes avec eux, mais si tu as terminé, tu seras la prochaine à passer sur le parcours.

Bien, j’avais réussi, ma voix n’avait pas tremblée, j’avais pu la regarder dans les yeux et je n’étais pas encore sur le point de pleurer. Cela promettait d’être une très très longue journée.

- Bon Ruzickova ça suffit, vous suivrez Darkside avec Moeha. Vous avez besoin que je vous explique comment marche les aspirateurs ou ça ira ?