Il m’était vraiment très inconfortable de me retrouver ici, sur le banc des accusés, accompagnée de tous les acteurs de ce qu’elle considérait comme étant une haute trahison. Nous étions tous là, de Jennifer à Infinie, en passant par tous les employés de l’Entreprise. Vivante était très en colère et Vivante voulait nous punir. Elle avait visiblement décidé de lancer les hostilités dans la salle de crise, parfaitement au courant, il avait suffi de sonder l’esprit de mon frère et le mien, de ce qui s’était passé entre ces murs et cela semblait profondément l’amuser. Cruelle et sadique, du Vivante dans toute sa splendeur.

J’étais en mission quand nous avions obtenu l’ordre de venir nous faire engueuler pendant des heures, et bien évidemment, je n’avais pas eu le temps de me changer. Il pleuvait des cordes dehors et ma combinaison me serrait un peu trop, m’étouffant toujours alors que je l’avais ouverte jusqu’à la limite de l’indécence. De toute façon, ma tête s’était envolée et actuellement seule la chaleur de @Zzeit Zeitlosen me manquait, nous n’avions pas encore outrepassé la gène qui nous contraignait depuis que tout était terminé. Alors seule l’envie de me glisser vers lui, que j’entrapercevais près de Théodore, gagnait mon âme. Oui, il était clair que je devais l’approcher et serrer sa main dans la mienne, trouver ses lèvres, me perdre encore dans son souffle jusqu’à m’oublier et nous retrouver. Tout cela n’avait que bien trop duré.


BOUM.


Bien évidemment BOUM. Est-ce qu’un seul jour dans la foutu ULTIMATE Death Company il n’y aurait pas de BOUM ? Est-ce que quelqu’un avait seulement pensé, quelques secondes, rester surveiller les fantômes de RIP Pharma ? Où étais-ce Vivante qui encore nous avait préparé un plan douteux et insupportable ? Dans tout les cas les murs et la grande porte vibrèrent alors que quelques secondes après une drôle de poudre rosâtre perlait de l’aération. Je poussai un profond soupir, chouette, c’était peut-être notre porte de sortie. Bien. Je me retournai vers @Infinie Darkside qui se tenait, merveilleuse comme d’habitude, à mes côtés.

- Il vaux mieux sortir d’ici…

Je croisai son regard et ne pus m’empêcher de m’y plonger. Deux trous noirs, deux magnifiques, profonds, trous noirs. Qu’est-ce qui m’arrivait ? Pourquoi me sentais-je autant happée vers elle, grotesque. Je penchai légèrement mon visage, observa chacun des détails de ses traits, de l’uniformité incroyable et perturbante de son allure. Avait-elle était toujours aussi belle, toujours aussi royale ? Et surtout pourquoi est-ce que maintenant, tout un coup, cela me faisait-il autant d’effet ? Une chaleur moite m’envahissait alors que je reculai un peu et lançai un regard horrifié vers les hauts parleurs hurlant en boucle que nous étions tous mis en quarantaine. Pardon ?

Il se passait quelque chose de grave, d’assez grave pour tous nous enfermer dans cette pièce pour un temps indéterminé. Pourtant je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’à elle, seulement elle, et sa beauté troublante, et sa prestance complaisante. Avais-je un si gros problème pour avoir envie de découvrir plus personnellement chacune des personnes de cette famille ? Bien entendue Zzeit substituait encore dans mon esprit, si profondément, mais Infinie le supplantait pour le moment. Et d’une façon que je ne m’expliquais pas, j’avais un besoin irrépréhensible de toucher sa peau et d’être sienne pour l’éternité.

- Je… Vous… Êtes belle.

Avais-je lâché comme une bombe et bien malgré moi. Putain Marabella, tais toi juste parfois.

Lorsque l'on passe après un ouragan tout es calme. Un calme plat et oppressant lourd de sens. Généralement, le Temps ne reprend pas son long et sempiternel cours en claquant des doigts. Non. Il laisse le temps au temps. Il n'y a que dans les cas désespéré que cette étrange et désuète expression prend tout son sens. Mais la Mort n'était pas enfant de constance et si patience était mère de sûreté, opiniâtreté devait être le plus proche parent de Vivante. Non cette petite idiote n'était pas prêtre à baisser pavillon, et malheureusement pour nous tous, très lion de passer l'arme à gauche dans la mesure où: elle était la principale détentrice de l'horrible droit de veto qui s’exerçait sur tout ce qui vivait dans ce monde.

Ah. Le soupire qui venait de m'échapper semblait venir du confins des monde. Je me consolais simplement de tout ça, assis, la tête rejetée en arrière sur cette inconfortable et scolaire chaise de bois, loin des bassesse qui incombait au trin-trin des pantins de chair, en me disant que je ne ferais pas l'objet de la colère de mon père : tout était rentré dans l'ordre. Enfin presque. Enfin pour l'instant.

Je me décidais enfin à oser laisser glisser mes yeux sur @Marabella-Rose Canterbury. J'avais tant à lui dire en commençant par m'excuser d'être un tel connard humain lorsque je devrais me montrer infaillible et impartial. Mais BOOM.

Boom ? Déjà agacé par la convocation de ma petite sœur, je me fustigeais d'avoir accepté de laisser les fantômes sans surveillance dans les labos de RIP-Pharma. Un boom ça ne pouvais venir que de là-bas. Dire qu'en plus j'étais enfermé à quelques mètres de ce crétin de...

Mes yeux roulèrent soudainement sur le crétin en question avec une irrépréhensible envie d'aller lui parler de politique agricole. Et bien, mon café devait être plus serré que d’habitude ce matin. Je regardais interloqué cette tumeur ambulante qui se tenait à côté de moi, fière, la posture d'un adolescent devant sa console, à jouer les bellâtre dans sa veste Gucci et ses Balenciaga. Certes il n'était pas désormais sans me rappeler la douce chaleur de Mara. Ce qui était finalement très inquiétant dans la mesure où ces deux là ne partageaient aucun lien du sang, ni réellement de liens familiaux.

Pourtant...

Je me mordis la langue en le regardant. Les images qui me passaient désormais en tête étaient soit niaises soit dignes d'un mauvais roman érotique. Et compte tenu de la haine que je lui vouais il y a seulement quelques heures, et autant dire que je désirais aussi fortement être à l'origine de son annihilation totale que de l'embrasser séance tenante dans la petite salle, qui se trouvait derrière le bunker, tout cela était plus qu'étrange.

L'annonce d'une quarantaine ne me dit rien qui vaille, et encore moins le regard triomphant que ce charmant garçon me lança. Non @Théodore Yéti. Non. Je ne réaliserais aucun des fantasmes que j'avais en tête avec toi. Je détournais mon regard de ses beaux yeux clairs en fulminant de rage sur ma chaise. Alors c'était ça la vengeance de ma sœur pour son retour au travail forcé ? Elle avait réduit amour en bouillie pour le disséminer dans nos bouteilles d'eau respectives !? Non tout cela avait un rapport avec le BOOM de tout à l'heure. Il fallait que je sorte de cette pièce avant d'avoir envie d'épouser l'autre débile.
 

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Jenny take my

Une fois n'est pas coutume Jenny-Jen n'avait strictement aucune espèce d'idée de l'intérêt de sa présence dans cette salle de crise où il se faisait simplement, et purement, torturer il y a à peine 72h. Ah. Ses côtes lui faisaient encore mal malgré les soins que la Vie avait bien voulu lui apporter. Pour une fois.

Mais il était heureux. Enfin. Tout du moins il était heureux comme Jenny est capable de l'être. Un sourire mystérieux flanqué sur le visage il attendait assis en tailleur sur sa chaise, entonnant d'une voix enjoué la chanson 'London bridge is falling down' pour une raison que seul son cerveau malade pouvait connaître.  Car oui, Jenny était rassuré d'une certaine manière de ne pas cette-fois-ci y être saucissonné comme une vulgaire poupée de chiffon.  

Après tout il n'avait pas grand chose à voir avec cette histoire si ce n'est que son silence pesant et ses rires grinçants. Jamais il ne les aurait aidés. Cela ne lui aurait rien apporté. Et ce n'était en aucun cas de sa faute si @Théodore Yéti avait la faiblesse des hommes. Celle de la chair et du cœur. D'ailleurs il était là lui aussi ! Alors faisant cliqueter ses multiples colliers fantasy, un sourire étendu jusqu'au oreilles, le brun se pencha un peu en avant pour voir celui à qui il devait son passe-droit tout neuf, assis fièrement aux côtés du Temps. La personne qui avait décidé du placement des convives était vraiment terrible, qu'à cela ne lui-tienne, il pariait sur l'esprit tordu de Vivante elle-même.

Il se demandait comment tout cela allait tourner. Mais il savait au moins qu'il serait là pour se délecter du spectacle. Soudain un bruit sourd retentit dans l'UDC. Et bouclette ne savait que trop bien d'où ce son venait. Son sourire s'élargit alors. Sa combine avait marché, les explosifs qu'il avait déposé au hasard des labos pour sa première excursion avaient fait l'effet escompté. Alors que l'ordre de quarantaine de répétait en boucle dans les hauts-parleurs de la salle, lui glapissait d'impatience sur sa chaise. Est-ce que tout cela serait payant ?

Jenny en était intimement persuadé. Il tourna alors la tête espérant trouver celui qui partageait ses nuits mais tomba sur ce qui ressemblait plus à un gratte papier.

Hm. Interessant. Jenny ressentait pour cet artiste maudit aux yeux globuleux et vitreux une étrange envie de possession. Semblable à celle qu'il avait pour Vivante. Alors qu'au fond il n'avait aucune autre envie que celle de manger des sucreries et découvrir de nouvelles manières de supprimer les cloportes qui grouillent dans cette entreprise.

Ma foi, pourquoi pas ? Il se leva alors, resplendissant dans son pull rose pastel 'Unicorns are more real than your boobs', ses chaussures en imitation serpent irisées et son pantalon en simili cuir qu'il aimait tant. Aujourd'hui c'était le lendemain de la Saint-Valentin. Sur ses joues deux coeurs restés de la veille, car Jen détestait se démaquiller et préférait de loin voir son œuvre vieillir avec le temps. Alors les deux coeurs semblaient avoir fondu, s'être brisés, délavés. Mais il les aimait comme ça. Jen aimait les choses brisées. Jen aimait les yeux globuleux.

Et, dans toute la théâtralité dont il était capable, il se planta devant @Cédric Merciless s'abaissant devant lui dans une vertigineuse révérence, avant de saisir sa main dans la sienne et d'annoncer de sa voix la plus clair:

' Croyez moi... Hm... bel inconnu ? Que je ne doute que très peu de vos exploits dans les ébats hétéro normatifs, mais si vous me donniez l'extrême honneur de vous déflorer sur la voie des plaisirs androgames, j'en serais fort-aise. '

Jennifer avait gros à parier que tout cela était lié à la jolie poudre rose pailleté qui s'échappait des aération. Mais c'était amusant, alors il allait jouer le jeu de ses envies.

Vivante n’était pas de celle qui garde et qui chérit, pourtant, parfois, et dans un soupçon de folie elle était parfaitement capable de tomber amoureuse. Oh oui, La Grande Faucheuse avait un cœur. Un palpitant, tout ce qu’il y avait de plus vivant, de plus battant. Elle le ressentait, parfois, si fort qu’il enserrait sa poitrine dans des martèlements distordus et qu’il lui donnait l’impression qu’elle allait défaillir. Et lorsque cela arrivait, lorsque Vivante aimait, si profondément, d’un fléchissement certain, oh oui lorsque que c’était votre temps, votre moment, il n’y avait rien d’égal. Rien de plus apaisant que le froid glacial, que l’engourdissement qu’elle soufflait sur vous. Ce froid si violent, si obscur, ce sentiment parfait de ne plus rien ressentir, d’être apaisé à la perfection comme si toutes les horreurs, toutes les souffrances, les douleurs, les afflictions, comme si rien de plus n’existait, rien d’autre que le vide. Le vide si profond, si noir, celui de la mort. Et alors elle l’aurait comblé, de son être, de ses bras, de ses mains vivaces, pourfendues, ces mêmes mains qui vous auraient trouvés et aimés. Et ses yeux, presque blancs, si doux qui enfoncent en vous un sentiment de perdition totale. Elle aurait continué de cette même bouche, si pleine, si charmante, qui aurait décelé votre cœur, votre âme pour l’avaler tout entière. Et vous auriez était à elle, comme elle aurait était un certain moment à vous.

Et puis elle serait partie.

Et le vide n’aurait jamais était plus le même. Le vide sans elle, sans son être canonique, son existence toute tracée. Et quand serait venu votre temps, peut-être finalement qu’elle vous aurez emporté avec tout le reste de son amour, avec une nostalgie certaine, et ainsi aurait était clos votre chapitre. Dans ses bras, ses mains, sa bouche, ses yeux, contre son cœur, plus rien n’aurait importé d’autre.

Alors oui, Vivante aimait, comme un serpent, comme tous les tenants et aboutissants de l’existence. Elle aimait d’un amour noir, sombre, morbide, de celui qui brise et qui possède, de celui qui crise et qui obsède. De celui qu’on repousse, qu’on s’interdit et pourtant celui auquel on ne peut échapper. Quelle triste histoire. Quelle pièce sordide.

Cependant, actuellement, Vivante était bien loin d’aimer. Face à eux, tous ces monstres, ces traîtres, face au complot infamant dont elle avait était l’ultime victime, oh oui, elle n’aimait plus. Elle les détestait, elle avait envie de leur faire subir toutes les pires souffrances que le monde avait porté. Toutes les pires tortures qu’elle pouvait imaginer. Alors le placement, la salle, l’ambiance, tout avait était savamment, étudié, réfléchie, et sa grande vengeance pouvait enfin commencer.

Sauf que : BOUM.

Ah non, pas BOUM, pas encore BOUM. Pour une fois qu’elle n’y était pour rien, pour une fois… Mais quel vil crétin ce @Jennifer, quel petit débile ingrat. Qu’est-ce qu’il avait encore foutu ? Alors Vivante comprit parfaitement, Vivante su à l’instant même où la poudre rose perlait des ventilateurs. Mais elle ne ferma pas les yeux assez vite, non, malheureusement, et ce fut dans les yeux bleus non sans pareil qu’elle plongea. Ceux d’un de ses employés comme il y en avait plein d’autre, ceux de quelqu’un qui la détestait sans aucun doute. Mais c’était trop tard, oh bien trop tard. Et ce fut fait. Vivante aimait.

Alors elle glissa de l’estrade, langoureuse, souple, animale. Quelques pas de plus, elle condamna les quelques âmes qui les séparaient pour attraper ses mains, apposer une sensation glaciale, électrique, percutante sur la chaire faible de l’humain. Puis elle observa son visage, ses lèvres, son nez, ses pupilles et Vivante sourit. Et quel sourire, le moins humain, le moins vivant possible, celui de La Mort personnifiée, celui de quelqu'un qui avait traversé l'intégralité de l'histoire pour en arriver là, à cet instant où il n'y aurait plus que lui et le néant. Plus que son amour et la Mort.

- Bonjour @Hybris W. Nepenthes. Vous avez de très jolies lèvres vous savez...

Ta veste en jean Gucci, doublé en shearling, traité et délavé pour paraître plus vieille qu'elle ne l’est, est agrémentée de merveilleuses broderies de papillons, d’oiseau et de fleurs sur le devant, d’une abeille sur la manche ainsi que sur le col arrière d’une cascade de fleurs menant à une tête de tigre, idéale, incroyable, entouré de l’inscription « L’Aveugle par Amour » en lettres blanches. Bucolique à souhait, il substitue juste avant la fin de cette pièce un cœur perdu, au milieu des fleurs, qui bientôt allait battre à tout rompre pour quelqu’un d’inattendu. Oh Théodore. Mais ta tenue n’est pas parfaite sans ton t-shirt noir Versace, agrémenté de motifs dorés barroco, style western, un classique en somme. Puis de ton jogging Y-3, noir et épuré comme quasiment toutes les créations de Yohji Yamamoto, débouchant sur des Tyrex de Balenciaga, jaunes fluo, improbables. Et tout ça pour la modique somme d’environs 6600$. Tu as déjà fait mieux, tu as déjà fais pire, mais je ne peux qu’admettre que tu es beau ainsi Théodore. Si beau et remarquable dans la foule des employés de l’UDC que tu as rejoint il y a peu.

Tu souris, de ton flegme habituel, alors que tu t’assois à la place qui t’es dû. Visiblement juste à côté de ce connard de Temps, assez éloigné fort heureusement d’Infinie qui elle se retrouve à côté de ta chère Mar’. Oh, tu te doutes que ta place soit plus là pour importuner le frère de La Faucheuse que pour toi. Oui toi, tu t’en sors très bien à soutenir le regard noir qu’il te lance. Pas de coups pour le moment, tout le monde semble vouloir que cela se finisse vite. Bien. Tu vas rester indécemment beau, dans une posture digne du Penseur de Rodin, sauf que toi ton visage est plus haut, et que ton air de rieur insupportable ne te détache pas. Magnifique et con, habituel n’est-ce pas ?

Elle n’a pas encore pris la parole, elle se contente de tous vous observer, fulminante. C’était la seconde fois que tu la vois depuis ton retour, elle t’avait déjà rendu visite dans la nuit noire pour t’attraper par le col et te cracher au visage. Elle était en colère de ce que tu avais fait, après tout, tu étais celui qui l’avait retrouvé, bien. Mais elle avait besoin de toi alors elle ne t’avais pas emporté dans d’atroces souffrances. De toute façon, tu t’étais bien évidemment empressé de lui rappeler, hilare, alors qu’elle sondait ton esprit. Sans toi, ta sœur reprendrait trop de force, et sans toi son plan tomberait à l’eau. Alors elle t’avait lâché avant de retomber au sol, si petite, si frêle et pourtant si dangereuse et tu avais rigolé encore et encore jusqu’à ce qu’elle parte. Te laissant de nouveau seul, avec le vide et le manque de ce que cette salope sans cœur d’ @Infinie Darkside t’avais apporté pendant quelques instants fugaces.

BOUM.

Boum ? Tu sursautes, finalement, tu ne traînes pas assez dans l’UDC pour être habitué à ces conneries. Et tu te retournes, indécis vers @Zzeit Zeitlosen, qui te regardes d’un drôle d’air. Mais ? Était-ce de l’envie que tu voyais dans son regard ? Un désir ardent, brut, incroyable, qui semble à ton tour te charmer ? Mais voyons, Théodore, non, non, est-ce de l’amour qui fait battre ton cœur ? Est-ce l’envie, le besoin de l’enserrer contre toi et de le posséder avant de le briser ? Mon Cher Théodore, est-ce donc pour ça que tu as toujours était contre lui, est-ce par jalousie pour ce qu’il ressent pour ta sœur ? Pourquoi cela ne ressort-il que maintenant ? Dans tous les cas, qu’importe ce qu’il se passe, te voilà perdu, et envieux. Te voilà dans le besoin de l’enfermer pour ne l’avoir que pour toi, pour trouver son corps et ses lèvres. Diantre, c’est vrai qu’il a de belles lèvres, tu comprend mieux ce que Mar’ ressent pour lui maintenant. D’ailleurs, c’est toi ou elle dévore Infinie du regard ? Bon. Laisse moi réfléchir Théodore, tout cela n’est pas normal, tout cela est improbable, et cette alarme qui hurle à tout rompre que la quarantaine est de la partie ne me rassure pas plus que ça. Toi de toute façon, tu es bien trop occupé à t’approcher du Temps pour réfléchir à quoi que ce soit. Tu souffles dans son cou, il est bien plus grand que toi, au moins une tête de plus. C’est sûr que du haut de tes 175 centimètres, tu fais pâle figure, mais tu ne te laisses pas démonter. Et tu prends ta voix la plus suave pour t’adresser à lui, une de tes mains glissant sur son bras.

- Eh bien Zzeit… Il semblerait qu’il se passe quelque chose entre toi et moi actuellement.

OH ! Réveille-toi, Théodore ! Je. Très bien, j’abandonne. Fais ce que tu veux.

Ce fut l’explosion. La plus retentissante, la plus effroyable, de toute mon existence. Le monde s’effaçait, disparaissait pour n’être plus qu’un tourbillon flou alors que ses lèvres plongèrent sur les miennes. Je comprenais ce que Théodore sous-entendait par demi-mots, encore à moitié traumatisé. Je soupesais chacune des parcelles de mon être, de la fulgurance de la chaleur qui me comblait actuellement. Elle était tout, elle était l’essence même de l’existence, le commencement de toute chose, la plus parfaite, la plus belle, la plus incroyable de toutes les Entités que le monde avait pu porter. Il n’y avait plus rien et alors que mon esprit pensait encore vaguement à l’ombre de Zzeit qui planait dans mon âme, je m’abandonnais à ses lèvres, à sa quintessence. Attrapant son cou pour l’amener plus vers moi, passant une main dans ses cheveux, tandis que je me hissais aussi haut que je le pouvais.

Je ne saurais pas dire combien de temps avait duré ce baiser avant que je ne sois obligée de le rompre. À bout de souffle, je la dévisageais, passant une main sur mon visage. Je n’avais aucune idée de ce qui venait de se passer, de pour quoi elle et moi venions de nous embrasser. Alors je remis de l’ordre dans mes cheveux, et recula de quelques pas pour regagner une certaine contenance. Les alarmes avaient fini par se taire et un drôle de silence planait autour de nous. Comme si le monde entier s’était transposé, comme si chacune des personnes dans cette pièce avait trouvé sa véritable âme sœur, le véritable but de toute son existence.

- On ne s’embrasse plus.

J’avais tenté de prendre ma voix la plus décidée, mais pourtant elle vibrait alors que j’observais ses lèvres pleines en manquant de défaillir. J’avais besoin d’elle, j’avais besoin de sentir encore son souffle, de retrouver tout ce qu’elle pouvait m’offrir. Mon cœur ratait des battements, alors que tout mon esprit me hurlait de m’approcher de nouveau, d’en découvrir plus, encore et encore.

- Vous me détestez normalement, vous… Vous me trouvez insupportable. Pensez plutôt à ça tandis que je vais réfléchir à un moyen de sortir d’ici.

Je jetais un bref coup d’œil derrière moi et regrettai instantanément. Bon, effectivement, quelque chose clochait vraiment. Qu’est-ce que Zzeit fichait avec Théodore ? Pourquoi Vivante semblait vouloir avaler Hybris ? Et bordel pourquoi le simple fait de sentir son souffle contre moi me donnait envie d’abandonner ma vie entière pour ne plus que me consacrer à elle, elle et encore elle.

- Et croyez moi ça me coûte de dire ça.

Avais-je fini par lâcher avant d’attraper tendrement sa main que j’amenai à ma bouche, incapable de me contrôler. J’y déposai un baiser, plongeai mon regard dans le siens et tremblante, je réussis à ne pas m’approcher plus d’Infinie. J’imagine que c’était déjà ça de gagné, n’est-ce pas ?